Il était tard voilà tout ce que Meggie savait. Son corps ne répondait plus de rien, ses pieds avançaient vers un endroit où elle pourrait dormir. Elle ne se souvenait plus pourquoi elle était ici, à traîner sa petite valise rouge derrière elle, le coeur étrangement lourd. De sa main libre elle agrippait un bout de sa courte robe bleue qu'elle avait mise pour une raison inconnue. Sa tête était embrumée, ses yeux l'étaient tout aussi. Elle ne comprenait plus grand-chose mais tout ce qu'elle savait était que ce matin encore elle partait quelque part, toute joyeuse de revoir quelqu'un... Qui, où, pourquoi ? Aucune idée.

Déambulant dans les ruelles faiblement éclairées par les lampadaires, elle releva la tête vers le ciel dégagé de cette fin de soirée. Les étoiles brillaient bien qu'une d'elle semblait resplendir au milieu des autres. Meg la reconnut ; c'était l'étoile du berger sans aucun doute possible. Ou plutôt « Evangeline » comme l'appelait Ray dans La princesse et la grenouille. Ce film elle l'avait revu une centaine de fois avec sa jeune soeur Kate qui l'aimait tout particulièrement. Elle se souvenait parfaitement de cette nuit d'hiver, alors qu'elles se trouvaient sur le petit balcon de leur chambre.

- Meg, pourquoi on les voit pas dans le ciel ? , s'écria Kate emmitouflée dans son petit pull noir.

- Aucune idée. Ils veillent peut-être sur quelqu'un d'autre. , lui répondis-je sans grande conviction. Enfin là n'est pas la question, le lit nous attend !

En y repensant sa soeur serait déçue de constater qu'Evangeline se trouvait bel et bien seule. Elle se demandait d'ailleurs ce que Kate faisait, si elle continuait à regarder le ciel sans elle, après avoir regardé le film. Ou si maintenant du haut de ses 14 ans, elle préférait passer du temps sur son portable à envoyer des SMS à ses amies ou pire, à son copain. Cette dernière pensée semblait bizarrement beaucoup plus probable que la première ce qui ne rassura en rien Meggie qui était un peu trop préoccupée par sa sœur que par le fait qu'elle n'ait nulle part où aller pour cette nuit.

Secouant la tête, elle entreprit d'accélérer le pas et quelques minutes plus tard elle marchait seule, dans les ruelles sombres de la ville. Elle espérait trouver quelqu'un de censée, bien qu'à cette heure là ce soit un peu plus difficile qu'au beau milieu de la journée. Continuant sa route elle aperçut enfin une fine silhouette se dessinait à l'horizon. Elle courut en sa direction, son bagage sursautant sur les pavés et elle finit par l'atteindre. Maudite était-elle puisqu'elle s'étala de tout son long devant l'inconnu en un faible « Aïe ». Très belle entrée il fallait l'avouer...

Une jeune femme apparut dans son champ de vision alors qu'elle la relevait d'une traction de bras. Meggie savait qu'elle était vraiment légère, mais de là à la remettre debout si facilement... peut-être pas. Elle semblait tout à fait normale à première vue bien qu'elle se promenait pied nu sans gêne. Mais bon, il n'y avait personne d'autres dans les environs alors autant faire comme bon lui semblait.

- Hey  Ben dit donc, qu'elle arrivé fracassante dit donc. Vous êtes pas du coins vous... Bon je vais te tutoyer ok?..... Noelani Faraday. Enseignante d'art, 20ans. Et toi? , lui dit-elle en lui tendant sa main.

La jeune fille serra timidement sa main avant de rassembler toutes les informations utiles à sa présentation, tout en époussetant le bas de sa robe. Elle remarqua d'ailleurs que Noelani était elle aussi habillée d'une courte robe sobre. Elle sourit sans raison.

- Merci ! Ça peut paraître bizarre, mais je suis du coin en fait. Je suis étudiante à l'académie Gakuen depuis déjà plus de deux ans, dans la branche musicale. Meggie Andrews, 17 ans.

La jeune femme hocha la tête et continua de marcher, traînant désormais la valise. Meg la suivit sans broncher, enlevant elle aussi ses ballerines noires. Elles avancèrent silencieusement jusqu'au moment où l'adulte lui posa la question fatidique.

"Bon tu fait quoi ici? Parce que te balader ici, à cette heure , dans cette tenue, c'est pas prudent. Tu doit être vraiment pompée."

Elle ne voulait pas être insolente, mais Noelani était dans le même cas qu'elle. Puis non, elle n'était pas pompée. À preuve du contraire elle était parfaitement lucide même si un peu amnésique vu qu'elle ne se souvenait pas du tout ce qu'elle avait fait après être partie de l'académie ce matin et maintenant. Ouep, c'était grave de ne pas savoir, mais Meg elle avait cette faculté de pouvoir oublier tout ce dont elle ne voulait plus se souvenir.

- Pour tout te dire je ne me souviens plus de ce que j'étais allée faire en dehors de l'académie. Et je suis tout à fait lucide. J'ai simplement dû vouloir oublier pour une raison inconnue. Sinon je sais me défendre. Enfin mon père m'a appris quelques trucs de self-défense. , lui dis-je en me grattant l'arrière du crâne.

Meggie ne savait pas si elle devait apprécier la jeune femme ou non. Elle avait certes un très fort caractère, mais c'est surtout qu'elle arrivait à lire un peu trop facilement en elle. Et Meggie détestait ça au plus au point ! Personne ne devait réussir à la comprendre. Il en était hors de question. Elle restait un peu sur la défensive pour l'instant et elle adopterait un comportement un peu plus jovial dès qu'elle aurait cerné Noelani.

"Je suis aussi à l'académie...Ouais, quand je dit "pompée" ça veux dire "fatiguée" ... Bon je suis pas trop là pour juger ce que tu fait, et au cas ou si tu demande pourquoi je suis dehors, c'est parce qu'en temps que prof sortir m'aérer ça m'aide à me reposer ... surtout avec le travaille que j'ai! haha; bon aller je te ramène.

Ah. La jeune fille n'avait pas réellement compris ce qu'elle lui disait en réalité. Dans sa famille on utilisait le terme « pompé » quand on avait un peu trop bu. En fait elle était vraiment éreintée bien qu'elle ne le veuille pas le montrer. Elle ne savait pas où elle irait cette nuit. Car elle avait beau être élève depuis quelques années déjà, elle ne savait pas si l'académie l'accepterait à cette heure de la journée. Puis elle se demandait bien comment elle allait expliquer sa venue. Elle ne savait déjà plus pourquoi elle était partie... Aaarg puis zut, il fallait que j'arrête de réfléchir. Sa tête allait exploser, des tambours y avaient élus domicile. Elle se prit la tête entre ses mains, l'enserrant pour stopper la douleur. Elle grogna.

- Les élèves d'arts sont si fatiguants ? , demanda-t-elle sans insolence. Merci de me raccompagner, je sais plus vraiment quoi penser là.

Heureusement que la jeune femme ne l'avait pas sermonné comme sa mère quand elle décidait de tout oublier. Oublier c'était tellement mieux que de porter un fardeau. Elle savait mieux que quiconque qu'il était désagréable de vouloir se souvenir de tout.

"Petite parenthèse, les autres fois , et surtout à l'académie , tu devra me vouvoyer. ok?......................................Sinon désolé de te couper , mais tu veux mon avis?

- Ouais, ouais je compte rester l'élève polie que je suis dans l'enceinte de l'académie. , répliqua-t-elle du tac au tac. Dites toujours si déjà vous me proposez votre avis.

Un nouveau grognement franchit la barrière de ses lèvres alors que les tambours se déchaînaient de nouveau. Il manquerait plus qu'elle tombe dans les vapes et voilà sa journée serait réussie.

Finalement, Meggie s'était trompée. Noelani la sermonnait. Encore une fois on lui disait tout le mal qu'elle se faisait en essayant d'oublier. De tourner simplement la page. Pourtant, cette fois-ci elle écoutait attentivement. On lui parlait calmement, avec des mots plus doux. La jeune femme semblait regretter amèrement cette période de sa vie. Ce sermon lui paraissait bien plus humain que tous ceux qu'elle avait eu.

- Ouais je sais. Mais voilà je vis ma vie en oubliant les moments les plus difficiles. C'est bien plus simple comme ça. J'ai déjà essayé de me souvenir de tout et j'ai pas apprécié. Ça faisait bien trop de choses à supporter alors j'ai décidé de tout oublier. De tourner la page et de ne pas me retourner.

Elles reprirent leur marche dans le calme avant que l'adulte s'arrête. Meg se stoppa aussi, toujours en train de grogner parce que sa tête se transformait en boîte de nuit. Si elle ne prenait pas quelque chose maintenant, elle ne tiendrait pas.

"Je dis pas ça pour te faire ièch, mais j'ai été comme toi, et je sais ce qu'on ramasse par la suite... et c'est pas forcement agréable.... je sais que voilà je suis personne pour te dire ça mais, si tu veux de l'aide ou un soutiens t'a qu'a demander. Je serais dispo ...si tu veux... bon voilà j'arrête maintenant.

La jeune femme sourit doucement. Ses paroles touchèrent Meg. Personne ne lui avait encore proposé son soutien. Elle accepta avec plaisir sa proposition et elles recommencèrent à cheminer sur les pavés. Il faisait bon dehors et c'était plutôt agréable de se promener à cette heure là. La jouvencelle souffla avant de se confier.

- J-j'ai pas réellement envie de rentrer de suite. Ma meilleure amie va me réprimander jusqu'à demain matin et je ne pourrais pas dormir. Elle est effrayante quand je disparais. Ouais c'est pas la première fois que je passe une journée en dehors de l'académie et que je rentre sans me souvenir de ce que j'ai fais. Et à chaque fois elle m'attend avec une aura effrayante...

Oh oui, elle était effrayante! Meggie se souvenait encore de la dernière fois qu'elle l'avait réprimandé.

- Alors, Meg c'est à cette heure là qu'on rentre ?! Et t'étais où ? Ah oui, tu ne te souviens plus. Nom de dieu combien de fois vais-je te dire de ne plus jouer à la rebelle ? On ne s'échappe pas de l'académie par désir de liberté ! Tu vas devenir majeur dans un an alors tu as intérêt à te calmer ! Puis tu dois te concentrer sur tes études. Une jeune fille de ton âge ne devrait pas traîner dehors à cette heure là ! Et ce n'est pas avec les quelques prises de self-défense que tu te sortiras de n'importe quelle situation ! J'aurais fais quoi si tu n'étais pas rentrée hein ?! Ah Meg tu me désespères ! Je vais finir par t'enfermer dans cette chambre pour le reste de tes jours !

Et ça continuait des heures et des heures... jusqu'au petit matin. Ne dormant pas elle a commencé à boire énormément de café pour compenser. C'était pas réellement le top du top, mais ça lui permettait de rester éveillée jusqu'à la fin des cours. Meggie ne lui en voulait pas, elle s'inquiétait pour elle c'était sympathique de sa part, mais à force elle étouffait. Elle croyait revoir sa mère.

- Je veux pas qu'on se méprenne sur son compte. Elle s'inquiète juste beaucoup trop pour moi... C'est tout. Elle est gentille sinon, elle n'hésite pas à m'aider quand j'ai un problème et on fait souvent des duos avec nos instruments respectifs.

C'est vrai elle s'échappait souvent de l'académie, car elle avait besoin d'un peu de liberté. Être une étudiante brillante la pesait. On lui demandait souvent de participer aux fêtes, aux concerts publics pour la simple raison qu'elle jouait avec un plaisir non dissimulé du piano. Alors, des fois il lui fallait goûter au plaisir de voir la vie en dehors de l'académie.

"Écoute, on rentre je vais te faire une place dans mon bureau d'accord? Demain on reparlera d'elle. Pour l'instant je te propose quelque chose: tu arrête de s'échapper comme ça de l'académie , et quand t'a un biz-biz tu viens me voir et on en parle. Mais tu ne doit plus, et j'insiste sur ça, tu ne doit plus t'échapper comme ça. C'est pour ton bien. Sinon je serais obligée de prendre des mesure plus académiques et j'aime pas trop ça...

Un soupir de soulagement franchit la barrière des lèvres de Meg. Elle n'aurait pas à affronter son ange gardien de suite... Et le deal lui convenait aussi.

- C'est promis.

Elles avancèrent ensuite silencieusement jusqu'à atteindre une petite porte de service de l'académie, dont je ne connaissais pas l'existence. Elle l'ouvrit avec une de ses clés, me fit pénétrer tranquillement dans son bureau et installa un matelas par terre. Elle ajouta un léger drap sur le lit improvisé. Je me laissais tomber de fatigue dessus, mon mal de tête m'ayant achevée.

- Merci pour tout. Hum... Une dernière petite chose... est-ce que vous auriez quelque chose contre les maux de tête ? , demanda-t-elle gênée.

"Hum... Attends, met toi sur le canapé balançoire. Je vais t'apporter une aspirine... Dormir par terre c'est pas cool quand on a mal à la tête. Dors en haut le matelas c'est pour au cas ou tu tombe ou si je viens dormir...Mais là je vais travailler...

Dans un dernier effort Meggie se releva et s'installa sur le canapé. Noelani lui tendit un verre et de l'aspirine, qu'elle prit et elle la remercia encore pour tout. Elle avala tranquillement le médicament, déposa ses chaussures et s'allongea de tout son long sur le sofa. Elle se recouvrit du drap et commença tout doucement à somnoler. Elle n'écoutait que d'une oreille ce que la jeune femme lui disait sur son expérience passée. Dès qu'elle eut finis, elle rejoignit son bureau et commença à corriger apparemment des copies. Meg l'entendit soupirer avant qu'elle ne sombre dans le sommeil, exténuée de sa journée.

Meggie avait extrêmement bien dormis pour une fois. Elle se réveilla, les cheveux en pétard, baillant à s'en décrocher la mâchoire. Se frottant les yeux, elle découvrit que la jeune femme qui l'avait hébergé hier soir, s'était endormie sur son siège. Elle semblait d'ailleurs très bien dormir elle aussi. La jouvencelle se leva tout en douceur, ouvrit la porte du bureau et referma à clé derrière elle. Elle ne voudrait point que quelqu'un dérange Noelani alors qu'elle s'était occupée d'elle toute la soirée. Montant calmement les escaliers pour rejoindre les dortoirs des MC, elle se faufila tranquillement dans sa chambre et, s'apercevant qu'aucune de ses colocataires n'étaient là, elle prit son uniforme et ses affaires de toilette. La clé du bureau toujours en main, elle partit vers les douches où elle se retrouva une fois de plus seule.

Sa toilette finit, elle déposa ses vêtements sales dans le panier à linge et sa trousse noire de nouveau dans sa chambre. Elle redescendit prudemment les marches et rentra de nouveau dans le bureau de Noelani. Celle-ci ne semblait pas avoir remarquer son absence ce qui rassura Meggie. Curieuse, elle jeta un œil à l'heure. Il était plus de 7h30! Si elle se dépêchait le réfectoire devrait encore être ouvert pour les retardataires. N'ayant d'autres choix que de réveiller son hôte, elle s'approcha et lui secoua doucement l'épaule.

- Sensei ! Sensei debout ! Nous n'avons plus beaucoup de temps avant les cours ! Sensei ! , s'exclama-t-elle pressée.

Noelani se prépara bien plus vite que Meggie ne l'aurait cru. Elle savait très bien que les femmes ne mettaient pas tellement de temps pour être prête. Simplement, passée ses vacances à Londres avec sa famille avait dû l'embrouiller. Sa mère prenait toujours plus de deux heures dans la salle de bain, étalant une couche de maquillages qui lui paraissait phénoménale. Fond de teint, blush, fard à paupière, masqueras et elle en passait...

Elle sortit de sa rêverie quand la jeune femme revint du réfectoire, un plateau en main. Elle prit elle aussi une simple tasse de laid chaud délaissant les céréales pour la première fois ; l'envie de manger lui était passée. Finissant leur petit-déjeuner dans un silence religieux, elles sortirent ensemble, Meggie serrant son sac de cours qu'elle avait pris sans s'en rendre compte. Noelani était apparemment une prof aimée, car presque tous les élèves la saluèrent. Heureusement la jeune fille ne croisa personne de MC, sa section étant connue pour ne jamais être en retard aux cours. Mais bon, on pardonnait beaucoup aux élèves brillants.

Meg avait en ce moment même cours d'anglais ce qui ne lui servait pas vraiment à grand- chose puisque c'était sa langue maternelle et qu'à preuve du contraire elle la parlait couramment. Elle se rendit compte qu'elle montait d'abord au premier étage pour que Noelani prévienne ses étudiants que son cours commencerait en retard. Ils en furent soulagés. Et puis ce fut à son tour de rejoindre sa classe au deuxième étage, toujours en compagnie de la jeune femme.

Elle allait entrer dans la pièce quand soudainement un bras lui barra le passage. Elle releva la tête et aperçut son hôte se plaçait devant elle. Elle s'aperçut bien plus tard que sa meilleure amie avait remarqué sa présence et lui souriait calmement. Très calmement. Trop calmement. Elle était très énervée.

- E-elle va m'étrangler , murmura-t-elle.

Elle aurait bien aimé pouvoir partir d'ici et ne plus jamais revenir. Elle se voyait déjà à la une de tous les journaux : Une jeune fille perd la vie après un sermon de sa meilleure amie. Beau titre n'est-ce pas ?

"Ne t'en fait pas ... Elle ne vas pas te manger... Ne te laisse juste pas faire et explique lui que t'a vie c'est toi qui la dirige, pas elle. Et que tu as besoin d'elle au cas ou si tu tombe en faisant tes propres erreurs , tu n'a pas besoin d'elle pour tomber tout simplement.

Plus facile à dire qu'à faire ! Après cela, Noelani fit appeler sa meilleure amie qui prit tout son temps pour les rejoindre. Sûrement pour réfléchir au sermon qu'elle allait me passer. Meggie inspira et expira plusieurs fois pour tenter de se calmer. Mais rien n'y faisait, elle n'avait pas envie de réprimander son amie, mais en même temps elle tenait à sa liberté. Quelques minutes plus tard elle se retrouva face à face avec celle-ci.

Elle ne savait pas quoi dire pour éviter de la blesser. Elle ne faisait que s'inquiéter pour elle, elle n'avait rien à lui reprocher. Enfin si, elle ne le lui laissait pas assez d'espace. Et Meg elle en a besoin. Besoin de voir le monde en dehors de l'académie, besoin de se retrouver seule. Elle n'a jamais vécu dans un monde comme celui-ci, un monde de paillettes. Elle est rentrée dans cette école simplement parce qu'elle aimait jouer du piano et que l'idée d'en faire son métier l'enchantait.

Sa meilleure amie allait prendre la parole, elle avait apparemment fini de méditer sur ses paroles et elle était enfin prête à lui servir un sermon corsé. Serrant les poings Meggie la coupa.

- Désolé Camille, mais ça peut plus continuer comme cela. Je sais que tu t'inquiètes énormément pour moi quand je rentre tard le soir et que je sais plus ce que je suis allée faire. Mais tu comprends je suis pas comme vous autre. J'ai pas passé mes journées enfermée dans un manoir à s'entraîner à l'instrument pour faire plaisir aux parents. Moi je jouais avec mes frères et soeurs, je cuisinais toute la journée, je vivais tout à fait normalement pour une fille qui vient d'une famille modeste. J'ai besoin encore de sortir voir le monde qui m'entoure parce que bientôt je serais diplômée d'ici et je commencerais à me tuer au boulot. Alors, jusqu'à ce jour vienne, je profite. Et j'aimerais vraiment que tu t'aperçoives qu'il y a autre chose que les études.
Bien sûr la musique c'est tout ce que j'ai dans ma vie. Mais jouer comme une gamine au parc, s'émerveiller devant trois boules de glace, c'est aussi stimulant que de jouer du Mozart !

Reprenant son souffle elle continua.

- Alors, j'aimerais que t'arrêtes de me sermonner à chaque fois que je m'échappe de l'académie. Je te promets je le ferais plus. J'assisterais à tous ces cours futiles, je m'entraînerais toute la journée au piano et on se fera de nouveau des duos. Et puis un jour je m'échapperai de nouveau de l'académie avec toi et on ira manger des glaces au parc ! Comme deux personnes normales. Je te le promets !

Voilà, elle avait vidé son sac. Elle n'osait poser son regard sur sa meilleure amie et préférait regarder ses chaussures. Elle en avait peut-être trop dis ?

Noelani releva la tête de Meggie alors que celle-ci commençait à apprécier la vision de ses mocassins. Comme pour appuyer ses dires, la jeune femme commença elle aussi à parler avec Camille. L'étudiante n'écoutait qu'à moitié ce qu'elles se disaient, préférant regarder les réactions de sa meilleure amie. Sa colocataire semblait extrêmement touchée et un peu triste aussi, mais Meg ne reviendrait pas sur ce qu'elle venait de dire. Elle voulait devenir libre de ses mouvements sans personne pour la sermonner à son retour.

"Seulement voilà, elle t'aime beaucoup, et elle veux vivre sa propre expérience sous ses règles en t'a compagnie. Et moi en tant que prof, je tien a préciser que je m'engage à la suivre personnellement. En revanche, je ne suis pas sûr que ce pouvoir que tu exerce sur elle soit bien approprié à ce genre de relation, tu vois le truc? Elle est sensé être ton égale et pourtant elle s'aplatie devant toi, c'est plus de l'amour fraternel ça, même si ce n'est pas méchant. Je vous fait confiance pour changer la musique, mais je ne veux plus d'histoires comme ça: Meg arrête de t'enfuir, et viens me voir quand ça va pas si besoin est. Camille, on arrête le rôle de la maman faisant partie de la gestapo, ok?

Camille acquiesça les larmes aux yeux. Ensuite tout se passa très vite. Celle-ci sauta au cou d'une Meggie désemparée par les évènements, elle lui promit que tout cela allait changer, qu'elle arrêterait de la gronder et surtout qu'elle serait là si besoin. Emue par ces paroles, la jeune fille pleura de joie, avant de resserrer leur étreinte. Si Noelani n'avait pas été là rien de tout cela ne serait arrivé et cela aurait pu très mal finir. Meggie se retourna pour la remercier quand elle remarqua qu'elle était déjà partie. Elle se rappela alors que ses élèves l'attendaient. Tampis, elle passera plus tard.

Rentrant toutes les deux dans le cours d'anglais, elles rigolèrent quand leur prof les gronda. Rien ne pouvait plus les séparer désormais.