Kaori venait donc d'arriver devant les grilles de l'académie Hétalia après une bonne heure et demie de traversée, qui avait fini par la rendre malade. Elle n'avait jamais supporté les transports et ce n'était pas maintenant qu'elle allait y arriver. Prenant quelques goulées de cet air si frais et pur, elle contempla l'imposant édifice qui se dressait devant elle. Puis elle se laissa choir contre un arbre, les alentours paisibles étant propice à un petit moment de repos. Son ventre était encore tout retourné de ce voyage, lui laissant un désagréable goût dans la bouche.

Se reposant donc, elle prit le temps de se demander ce qui lui fallait faire par la suite. Personne à l'horizon pour l'aider et la guider. Et elle n'oserait jamais s'introduire dans un endroit encore inconnu pour elle. Elle décida donc d'attendre qu'une bonne âme passe par là. Elle prendra alors son courage à deux mains pour lui demander son chemin.


Voilà une heure qu'elle  attendait, assise dans l'herbe fraîchement coupé, son dos s'appuyant sur le même tronc d'arbre qu'à son arrivée. Elle commençait à s'inquiéter, personne ne s'étant encore promené par ici. L'idée de dormir dehors cette nuit n'était pas une possibilité qu'elle envisageait. Les grilles de l'académie la narguaient. Puis soudain elle aperçut une silhouette blanchâtre dans les buissons avoisinants. Peureuse, elle se recroquevilla sur elle-même, tentant tant bien que mal de se rassurer. Ce n'était tout de même pas un esprit errant dans les bois qui l'avait prise comme cible pour son prochain festin n'est-ce pas ?
Elle poussa un petit cri de surprise quand elle aperçut pour la deuxième fois cette silhouette qui se dressait fièrement dans un coin ombragé. Impossible de voir ce que cela était ce qui augmenta la peur de la jeune fille. Puis, comme si son ouïe avait augmenté, elle entendit des pas se rapprochaient d'elle.

- Onii chan , hoqueta-t-elle toute tremblante.

Cette... chose ? continua de s'approcher et quand elle eut atteinte Kaori, elle s'arrêta. Prise d'un élan de courage, la nippone releva la tête et croisa le regard de ce qui l'avait tant effrayé.

- Un... humain ? , contasta-t-elle à haute voix.

Kaori, effrayée de cette rencontre soudaine, bondit dans les buissons avoisinants. Réaction excessive elle le savait. Elle scruta alors la jeune fille qui lui faisait face. Elle avait de longs cheveux roses, deux petites cornes accrochaient sur les côtés de sa tête. Elle ne portait qu'une longue robe blanche désormais criblée de trous, ses pieds étaient dénudés. Cela lui rappelait étrangement quelqu'un, quelqu'un qu'elle aurait connu étant petite, quelqu'un de si proche qu'elle n'aurait jamais pu oublier. Impossible cependant, de placer un nom sur ce visage.

La japonaise se détendit, apercevant que personne ne lui ferait de mal à cet instant. Elle sortit même des buissons, s'approchant simplement de son interlocutrice. Cette dernière brisa le silence pesant qui s'était installé entre elle deux et se présenta comme étant Yuki. ... Yuki ? Puis soudain Kaori se souvient de quelques passages de son enfance aux côtés de... Yuki. De sa meilleure amie qu'elle avait perdu de vue pour une raison inconnue. Elles étaient si proches malgré les 3 années qui les séparaient l'une de l'autre. Elles avaient partagé tellement de choses ensemble qu'elle en était devenue inséparable. Jusqu'au jour où elle disparut de la circulation sans laisser de trace.

Ses yeux s'embuèrent quelque peu alors qu'elle pressa le pas pour franchir la distance qui la séparait de Yuki, de cette fille qui lui tenait tellement à cœur depuis sa tendre enfance.

- Y-yuki... C'est moi Kaori... T-tu te souviens ?

Elle se souvenait donc de Kaori ? C'était donc bien elle ? Elle ne rêvait pas ? Sa meilleure amie lui demanda de l'excuser pour être parti sans lui en faire part. Pendant près de 7 ans, elle ne l'avait plus revu, s'inquiétant, se rongeant les ongles en se demandant où elle avait bien pu passé. Puis quelques semaines après sa disparition, elle avait appris la mort de sa mère déjà si fragile, assassinée par son père. La jeune fille était encore jeune à l'époque, elle n'avait donc jamais réellement compris ce que cela pouvait insinuer. Tout ce qui l'importait était de retrouvé Yuki. Elle avait tenté de nombreuses fois de la chercher, mais après quelques mois ses frères ainés l'avaient dissuadé de continuer ses recherches.

Son amie d'enfance vint s'échouer dans les bras de la jouvencelle, son visage barbouillé de larmes. Elle resserra leur étreinte alors que les larmes commençaient elles aussi à jaillir de ses yeux clairs.

- Tu es restée seule toutes ces années ? Tu sais qu'on t'aurait accueilli sans soucis chez nous ?

La jeune fille n'aurait jamais pensé que sa nouvelle vie débuterait ainsi, avec des retrouvailles aussi émouvantes. Si Yuki était à l'académie avec elle, elle n'aurait aucun soucis. Elle espérait ne plus jamais la reperdre dans de telles circonstances. Et elle ferait tout pour cela.

Kaori avait peu à peu repris son calme, mais quand son amie d'enfance insinua qu'elle l'aurait remplacé, elle s'offensa. Elle n'était pas de nature à regarder les gens droit dans les yeux, mais cette fois-ci elle planta ses deux orbes d'une couleur indéfinissable qui désemparaient n'importe quelle personne, dans ceux de Yuki.

- Comment peux-tu penser une seule seconde que je t'ai remplacé ? ! , s'écria-t-elle. ... Tu m'as tellement manqué.

Puis elles se reprirent de nouveau dans les bras avant que la plus âgée ne déposa très rapidement un bisous sur la joue de la plus petite. Cette dernière sourit, repensant encore à son enfance passée avec sa meilleure amie. Lorsqu'elle pleurait, Yuki la réconfortait toujours ainsi, avec ce simple bisous. Et bien que la jeune fille est grandie depuis sa disparition elle appréciait toujours autant ce geste.

Sans crier gare, Yuki l'entraîna vers un banc juste en face de la grille qui semblait moins la narguer que tout à l'heure. Kaori traîna ses bagages et s'assit à ses côtés.

- Tu suis les cours de l'académie ? , demanda-t-elle essayant de briser le silence qui s'était installé.

La jeune fille était contente que l'académie est accueillie son amie malgré l'infraction qu'elle avait commise. On lui avait donné une chance de plus pour se reconstruire de cette vie - si l'on pouvait encore appeler cela une vie - de misère. Elle ne pouvait simplement pas comprendre ce que cela faisait de voir sa mère assassinée par son propre père à l'âge de 11 ans. Yuki avait été courageuse de fuir ainsi, mais maintenant il lui fallait tourner la page sans quoi la chance qui lui avait été donnée ne servirait à rien. Il fallait qu'elle décide, elle, et elle seule, de changer. Sa tenue était un signe évident qu'elle n'était pas encore prête à cela ; cette même tenue, elle l'avait portée depuis sa fugue. Et chaque fois qu'elle se regarderait ne serait-ce qu'un court instant dans un miroir, elle se verrait vêtue ainsi, et le souvenir douloureux de l'assassinat de sa mère s'imposerait de nouveau dans son esprit.

Son amie tenta encore de lui expliquer ce qui s'était passé ce jour là. Quelques minutes passèrent avant qu'elle ne s'exprime, lui confiant alors qu'elle avait peur. Kaori posa une main réconfortante sur son épaule.

- Tu n'as plus à avoir peur. Cela fait longtemps que ton père a été arrêté et emprisonné pour le crime qu'il avait commis. Et puis je suis là maintenant.

Elle lui sourit chaleureusement, tentant de la mettre à l'aise.